L’histoire des études orientales en Russie ne pourrait pas ignorer la contribution de Cantemir. David Schimmelpenninck van der Oye, professeur de l’histoire de Russie à Brock University (Ontario) lui accorde la juste place dans son livre récemment publié par les prestigieuses Editions de l’université de Yale (Russian Orientalism : Asia in the Russian Mind from Peter the Great to the Emigration, voir l’annonce de l’ouvrage dans la rubrique des Nouveautés). Son analyse (p. 38-43) prend en compte la bibliographie la plus représentative dans ce domaine (p. 250-253) et offre une image précise et nuancée de la personnalité du prince Cantemir.
Un seul détail est discutable : « Peter the Great valued his Moldavian guest’s intellectual accomplishments. When the tsar began to set up the Academy of Sciences , he seriously considered appointing the prince as its first president » (p. 42). La note indique les sources de cette information : M. I. Radovskii, Antiokh Kantemir i Peterburskaia Akademii nauk (Moscou, 1959, p. 7 ; Ostrovitianov, Istoriia Akademii nauk SSSR, vol. I, p. 36.
Dans la même note, l’auteur precise également : “In fact, one German encyclopedia mistakenly identified Cantemir as holding the post”. En réalité, cette intention qui est attribuée à Pierre le Grand semble être aussi une pure légende. La genèse de cette légende mériterait néanmoins d’être approfondie.
S’agissant de la personnalité intellectuelle de Dimitrie Cantemir, David Schimmelpenninck van der Oye met en discussion une définition digne d’attention. Après avoir considéré Antioh Cantemir comme « one of the leading lights of the Petrine Enlightenment », il écrit à propos de son père : « Dimitrie Cantemir’s birth in 1673 also places him in the early Enlightenment, but he can best be described as a Renaissance man » (p. 38). Un point de vue qui pourrait bien lancer le débat sur le rôle de Cantemir dans les Lumières de son siècle.